Fin de l'Année Liturgique 2006

Publié le par Mgr Ellul


Homélie Christ-Roi de l’Univers – 25 nov. 2006 - B

« Il est digne l’Agneau Immolé de recevoir puissance, divinité, sagesse, honneur et force ».
Depuis l’île de Patmos, où il est en relégation, le voyant de l’Apocalypse ne cesse de penser à la croix sur laquelle Jésus, était suspendu, exsangue, et asphyxié, mourrant pour le salut du monde. Mais celui qu’il aimait est désormais ressuscité, remonté auprès du Père pour nous attirer tous à lui.
Oui il était digne de recevoir ces qualificatifs : celui du Messie envoyé par le Père, promis depuis des siècles et cette royauté qui est une royauté de service dans l’humilité.
Depuis les premiers jours sa captivité, depuis son éloignement des communautés chrétiennes, qui attendaient qu’on les réconforte en Celui qui était ressuscité, il ne cessait de communiquer par la prière et la pensée avec ceux qui attendent le retour du Seigneur ; alors il dicte à son scribe, ce qu’il voit dans les lueurs de la nuit.

Il faut rappeler que le Temple de Dieu à Jérusalem à été détruit, brûlé, incendié par les armées de Titus et que devant le Temple, ignominie suprême on sacrifie aux enseignes. Les habitants sont tués dans les jeux de gladiateurs et c’est le siège de Massada par Silva, que de nombreux juifs s’entr’égorgent, plutôt que de se rendre, lors de la Pâques de 73.
Jean sait qu’une partie des Judéo-chrétiens reviennent à Jérusalem. Nous sommes en 95. Deux textes importants voient le jour et sont lus par les communautés chrétiennes, « La révélation », c’est-à-dire l’Apocalypse de Jean et la lettre écrite par St Clément, alors qu’il est évêque de Rome aux chrétiens de Corinthe. Suivent les écrits johanniques, et bientôt des textes de prières verront le jour, rassemblés dans un ouvrage que l’on appelle « La Didachée », ouvrage perdu et qui sera retrouvé dans les années 1875, ne fut publié qu’en 1883, puis étudié plus avant dans les années 1950, pour travailler à la réforme de la Semaine Sainte.
Avec ces communautés chrétiennes primitives, avec lesquelles nous sommes en étroite continuité en ces derniers jours de l’année liturgique, il est bon de penser à nouveau, comme en chaque Eucharistie, à celui qui vient nous sauver « une fois pour toute » et qui nous fait entrer dans un sanctuaire non fait de main d’homme, mais qui nous donne par le baptême que nous avons reçu, d’être ses frères et sœurs, témoins du monde qui vient, un monde qui attend que nous soyons artisans d’amour et de paix.
Et pour que nous pussions réaliser cela dans nos vies, il ne cesse de nous communiquer l’Esprit, cet Esprit qui vivifie tous les membres de son Eglise, cet Esprit Saint, étant comme l’âme, dans ce corps immense, comme l’appelle si souvent les Pères de l’Eglise. Oui, le Christ aime son Eglise comme son Epouse. Il est l’unique médiateur. A lui est donné gloire et royauté et elle ne sera pas détruite.
Déjà le prophète Daniel le mentionne, ce fils qui doit venir, dans ses visions au cours de la nuit. Il le voit sur les nuées, ce fils d’homme tant attendu et annoncé par les anciens textes d’Israël et qui nous sera donné, révélé, par l’ange Gabriel et porté par Marie, alors que se réalise, dans le plus grand silence, le mystère de l’Incarnation.
De ce fils, premier-né d’entre les morts, naîtra l’Eglise. Cette Ekklésia, cette communauté de croyants rassemblés en son nom, tiendra sa source royale du ciel, donnée par le Père, pour ce Fils en qui il a mis toute ses complaisances.
Et lui, ce roi couronnée d’épines, vient dans notre monde pour « Rendre témoignage à la Vérité ». D’ailleurs dans le prologue de son évangile, St Jean l’affirme : « Le Verbe était au commencement avec Dieu… Tout fut par Lui… De tout être il était la Vie et la vie était la lumière des hommes. Le Verbe était la vraie lumière qui éclaire tout humain. Il était dans le monde et le monde ne l’a pas connu ». Voilà constituée la royauté de Jésus le Christ, il est par Dieu, il est Dieu, né du vrai Dieu. Venu rendre témoignage à la vérité il a donné à tous ceux qui sont devenus enfants de Dieu, par le baptême, de professer cette vérité.
Il n’y a qu’un seul nom qui nous sauve : Jésus .
D’ailleurs vous l’entendrez proclamer dans la préface de cette messe dans un instant : « Il est venu accomplir le mystère de notre rédemption, et qu’après avoir soumis à son pouvoir toutes les créatures, il remette aux mains de ta souveraine puissance, un règne sans limite et sans fin : règne de vie et de vérité, règne de grâce et de sainteté, règne de justice d’amour et de paix ».
Comme le rappelle si bien la Constitution dogmatique sur l’Eglise, Lumen Gentium, de Vatican II : « L’Eglise avance dans son pèlerinage dans le monde, à travers les persécutions et les consolations de Dieu, annonçant la mort et la résurrection du Seigneur jusqu’à ce qu’il revienne ». (8). Et nous, « Peuple de prêtres, Peuple de Roi, Assemblé de saints en devenir », nous le proclamons, nous le chantons et surtout nous en sommes témoins.
En cette fin d’année liturgique, remercions le Seigneur, le Christ Roi de l’Univers, de nous avoir permis de cheminer ensemble et personnellement, vers la compréhension et la découverte toujours plus profonde de son visage, de sa vie et de son évangile d’amour.
Certains diront peut-être qu’ils sont encore loin en chemin ! Qu’ils ont encore des efforts à faire… Là n’est pas l’essentiel. L’essentiel est de marcher à sa rencontre, humblement, conscients de l’amour qu’il nous communique, de l’Esprit qui est en nous depuis le baptême. Car il nous sera donné, je l’espère, de le rencontrer dans ce face-à-face qui nous attend tous, lorsque nous retournerons vers Lui.
Alors, comme cela nous est montré sur la mosaïque au dessus-de l’autel, montrant son cœur transpercé, et ses plaies glorieuses, il ouvrira largement les bras pour nous accueillir et nous serrer sur son cœur. Dans l’attente de ce jour, de cette rencontre disons : « Mara natha »… Oh, reviens, Seigneur Jésus ! Nous t’attendons et nous t’aimons. Amen.

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