5ème dimanche de Carême - 6 avril 2014

Publié le par Recteur de la Basilique du Sacré-Coeur de Marseill

Comme notre cœur est lent à croire !

Et comment croire lorsque notre intelligence s’oppose à notre cœur ? Et immédiatement, parce que nous nous croyons raisonnables, nous « minimisons » la teneur de ce texte sur la résurrection de Lazare, en nous disant qu’elle est comme une étape obligée, pour la compréhension des catéchumènes qui terminent leur cycle d’approfondissement et de catéchèse baptismale ! Et pourtant ! Ne voyez-vous pas comment l’Eglise, par le mystère pascal du Christ veut faire comprendre à ceux qui vont recevoir le signe de régénérescence et le chrisme du salut, combien ils vont passer de la mort au péché, à la vie éternelle ? Le sacrement du baptême qu’ils recevront dans la nuit pascale et qu’ils attendent avec grand impatience, va leur faire parcourir en un instant, toutes les étapes de la vie du Christ, rejoints pas sa Parole, ses miracles et ses guérisons, le don de son Corps et du son Sang, enfin gravir avec lui le chemin du calvaire pour mourir au péché et entrer dans cette vie qui ne finit pas. Oui, le texte de l’évangile de Jean qui est proposé à notre méditation, en ce dernier dimanche du carême, vient nous redire que nous ne sommes pas faits pour la mort, mais pour la vie éternelle et que notre chemin sur cette terre doit nous y conduire. Tous ces dialogues entre Jésus et ses disciples, entre Marthe et Marie, entre ceux qui sont là pour voir, mais qui ne croient pas, et le questionnement des deux sœurs, ne sont-ils pas les nôtres, quand un être cher vient de mourir et que nous le conduisons à sa dernière demeure. D’ailleurs voyez comme ces mots sont inadéquats ! « Dernière demeure » ! Nous devrions dire, nous chrétiens, « endormissement dans l’attente de la résurrection » ; demeure en attente de la vie éternelle ; lieu où repose ce corps qui fut temple de la Sainte Trinité, que j’ai tant aimé et qui attend le signal du Christ au dernier jour, pour ressusciter d’entre les morts. Voilà ce que Jésus veut montrer, voilà la démarche qu’il ose faire, pour ceux qui y assistent, afin qu’ils sachent qu’il est le maitre de la vie et de la mort. D’ailleurs les juifs ne s’y trompent pas ; ils se disent : « pas assez qu’il rende la vue aux aveugles, guérisse les paralytiques, voilà qu’il se met à ressusciter les morts ! » Fureur contenue de ceux qui détiennent la Loi et scrutent les prophéties. Ah, oui, il vaut mieux qu’un seul homme meurt et que le peuple d’Israël soit sauvé. Oui, il mérite la mort, car trop c’est trop ! Ecoutons ce texte que nous connaissons parfaitement. Allons plus loin dans notre méditation, sachons le relier aux évangiles entendus durant ce carême de l’année A, qui nous donne le témoignage de l’instruction catéchétique qui vient de la primitive église. Ceux qui se présentent à la porte de l’Eglise vont attendre trois ans ! Marqués du signe de la croix du Seigneur, ils désirent revêtir le Christ et feront leurs premières armes, en commençant par une conversion du cœur, assez dure pour eux, car dans leurs vies, ils devront, petit à petit, rejeter les œuvres des ténèbres et du mal, pour y mettre à la place, les paroles de Jésus que l’évêque et les catéchistes leur apprennent. C’est le temps que Jésus passe dans le désert pour y être tenté. Puis ils recevront les premières onctions, leurs sens seront signés du signe de la croix, pour leur donner la possibilité de tenir dans ce qu’ils vont promettre ; ils seront déjà comme transfigurés, découvrant la Loi et les Prophètes, symbolisés par Moïse et Elie. « Celui-ci est mon Fils bien aimé en qui j’ai mis tout mon amour ». C’est vrai qu’ils ont soif d’apprendre et ils viennent demander à boire, comme Jésus lui-même le demanda à la Samaritaine ; mais ils savent que c’est lui qui donne l’eau vive, cette eau où ils seront bientôt plongés. Le Pater, le Notre Père va désormais devenir leur ligne de conduite ; ils connaissent un peu plus ce Jésus, dont on leur a tant parlé, et qui vient vers eux pour leur ouvrir les yeux et les oreilles ; enfin, délivrés de leurs péchés ils sont presque prêts, à sortir de leurs tombeaux, car Jésus leur crie, comme à Lazare : « venez dehors ». Ils savent que ceux qui n’ont pas « l’Esprit du Christ, ne lui appartiennent pas », comme le dit St Paul. Eux aussi vont sortir, comme revêtus de bandelettes, avec cette odeur de mort qu’est le péché qui les retenaient loin du Christ et de son royaume ; ce sont leurs parrains et leurs marraines qui vont défaire leurs liens, pour les en libérer définitivement. Mais que leur manque-t-il encore ? Le rejet du péché et la proclamation la de foi. Alors ils seront admis à entrer dans l’Eglise et à devenir nos sœurs et nos frères. Malheur à ceux qui ne vivront pas devant eux, comme des sauvés et des ressuscités, car alors ils feraient écran à l’amour du Christ. Voilà ce qui nous a été proposé durant ce carême. Et comme l’ont fait Marthe et Marie, nous demandons au Seigneur d’illuminer nos esprits et nos cœurs, pour que nous puissions croire qu’il est le maitre de la vie et de la mort et que sa puissance est grande, car il vient pour nous sauver de la nuit éternelle. Alors que sur la Place St Pierre, ce dimanche le pape François a fait distribuer le livre des évangiles et des Actes des Apôtres, nous renouvelons notre foi en celui qui nous donne la vie et qui nous éclaire par son obéissance au Père, sous la motion de l’Esprit-Saint. Lisons-nous cette Parole de Dieu qui accompagnera notre entrée en Semaine Sainte ? Venons recevoir si besoin est, le Sacrement des Malades, repérons surtout le jour et l’heure où nous pourrons nous confesser, afin d’être délivrés de tout ce qui nous retient captifs de la mort spirituelle et d’être prêts à célébrer d’un cœur pur, le mystère pascal qui approche. Car auprès du Seigneur est la grâce, la pleine délivrance. « Je vais ouvrir vos tombeaux, écrit Ezéchiel de la part de Dieu, pour vous en faire sortir et vous saurez que je suis le Seigneur ». « Je suis la résurrection et la Vie. Celui qui croit en moi, même s’il meurt vivra et tout homme qui croit en moi ne mourra jamais. Et Jésus nous demande personnellement : « Crois-tu cela ? » Je vous laisse répondre. Allez, sortons de nos tombeaux, de nos vies ternes et solitaires, venons dehors, sous le soleil de Dieu, allons à sa rencontre et disons-lui, je crois Seigneur, tu as les paroles de la vie éternelle ! Cette phrase de Paul sera notre conclusion : « Réveille-toi, ô toi qui dors, relève-toi d’entre les mort, et le Christ t’illuminera ! ». Amen. J-P Ellul.

5ème dimanche de Carême - 6 avril 2014
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