Dimanche de la Sexagésime. Eglise St Charles - 27 février 2011.

Publié le par Recteur de la Basilique du Sacré-Coeur de Marseil

La messe à St Charles est célébrée en semaine et les dimanches dans le rite "extraordinaire", c'est-à-dire, en latin, suivant l'ordo ancien. Les lectures sont proclamées en français.

D'où cette appellation de Sexagésime, quelques jours avant le mercredi des Cendres. Le Temps de la Septuagésime compte trois dimanches : les noms de Septuagésime, Sexagésime et Quinquagésime, désignent non la semaine, mais la dizaine au cours de laquelle tombe chacun de ces dimanches. En latin on dit plus exactement "Dominica in septuagésima". Ce temps, prélude au carême et en annonce le cractère pénitentiel. Les ornements sont violets et les chants de la messe suppriment le gloria et l'alleluia, qui seront repris à Pâques.

Textes : 1ère lecture : 2 Cor, 1, 19-33 ; 12, 1-9

Graduel : Ps 82, 19, 14 - Trait : Ps 59, 4,6

Evangile : Luc 8, 4-15

Orgue : Claire Guidicelli.

Chorale : sous la direction de M. Bonifay ; messe chantée en grégorien.

Kyriale : messe VII.

 

Photo St Charles 063

Homélie.

Chers Frères et Sœurs,

Le psalmiste est d’une audace incroyable.

Il interpelle Dieu avec force et courage, presque avec une pointe de suffisance. Exurge ! « Réveille-toi, sors de ton sommeil ! » De quoi vous réveiller totalement, tant sa parole est forte et percutante. Réveiller Dieu ! Comme si Dieu dormait, comme si Dieu ne regardait pas, comme si l’Eternel de veillait pas sur nous. Alors que ce peuple à la nuque raide se détourne constamment de son Seigneur, ce Dieu Sabahot qui le rend vainqueur de ses ennemis. Alors qu’il pardonne inlassablement et même s’il se détourne quelquefois de son peuple, -car le peuple à tellement péché qu’il n’en peut plus-, il lui envoie des prophètes pour le remettre debout et lui dire une parole forte ; non son peuple, celui qu’il aime et fait paître avec de « douces attaches », ce peuple continue de se comporter comme un enfant gâté et capricieux.

Amos, Osée, Jérémie, Isaïe, et bien d’autres prophètes et juste avant la prédication de Jésus, Jean le Baptiste, viendront de sa part, pour dire à temps et à contre-temps qu’il faut changer de cœur, mettre dans sa poitrine un cœur de chair et non pas garder ce cœur de pierre qui enferme et aliène… Mais, non ils ne changeront pas ! Alors dire à Dieu de se réveiller ? Comment comprendre une telle interpellation ?     C’est sûrement par le rappel une relation d’amour interrompue, car ils se sont tournés vers les idoles, voire même ils ont depuis leur péché, une peur panique d’être rejeté dans les ténèbres de la mort éternelle. Qu’on-t-ils ont fait, pour que leur ventre colle à la terre, pour que le Seigneur se dresse et vienne enfin les délivrer ?

Mais ils ont péché, se sont détournés de Dieu, il l’ont remplacé par tellement de faux-dieux qu’ils ne peuvent plus les compter. Mais Dieu écoute, Dieu pardonne, Dieu parle toujours et encore, et sa Parole d’amour rejoint, et change notre vie. Nous l’avons bien perçu dans l’évangile de Luc que je viens de proclamer. Parabole de la semence, avec terrain pierreux, mauvaises herbes et épines, soleil qui étouffe et brûle faute d’humidité, grains de la semence, mangé par les oiseaux…

Mais avons-nous des oreilles pour entendre, un cœur pour comprendre, une conscience droite pour mettre en pratique ses paroles d’amour ? Jésus, comme son Père, ne cessera d’interpeller à la manière des prophètes, mais en nous faisant aller plus loin dans la reconnaissance de l’autre, dans l’amour que nous devons avoir les uns pour les autres.

Car Il est La Parole incarnée, le Verbe fait chair, et il vient dans le monde pour nous parler d’amour et de vérité.

A nous aussi, en ces jours qui précédent le temps du Carême, il vient nous expliquer la Parole de Dieu son Père. « Verbum Domini », cette Parole de Dieu cachée et désormais révélée. Nous ne laisserons pas intervenir le Malin, dans nos vies. Car le diable, l’esprit du mal,  toujours est là, tapis dans l’ombre, attendant que notre cœur se remplisse de tant de choses inutiles, que la Parole en soit chassée, du moins occultée pour s’installer durablement.

Avons-nous une foi solide ? Ne sommes-nous pas des êtres « d’un instant » ? Des êtres respectueux de « l’extérieur », avec toutes les caractéristiques d’un bon chrétien, mais sans adéquation avec ce que nous demande Dieu ? Car quelquefois c’est bien plus simple de nous détourner de lui, que de mettre en pratique ce qu’il nous demande, ce qu’il nous propose.

C’est vrai que nous nous y essayons, mais les soucis, la richesse, les plaisirs de la vie, l’orgueil et la suffisance, viennent étouffer cette Parole d’amour.

Le risque est de mener une vie chrétienne « de surface », avec un beau discours d’extérieur. Evidemment les autres, ceux que nous rencontrons, ceux avec qui nous vivons, ne s’aperçoivent de rien, mais nous, dans nos consciences et dans notre cœur, nous savons bien que la vérité n’est pas en nous ! Pourtant n’est-ce pas dans la bonne terre de votre cœur, que cette Parole de Dieu nous à rejoint, en ce dimanche de la Sexagésime ? Mais oui, car notre cœur est bon, notre vie se veut en adéquation avec la Parole de Dieu, et nous faisons tout pour que cela tienne devant la face de Dieu.

Alors oui, réveille-toi Seigneur, et vois notre foi.

Chers Frères et Sœurs, je vous souhaite déjà un bon carême, en vous invitant à lire le message du Carême que le pape Benoît XVI vient de nous donner. Il éclaire d’une manière toute particulière ce temps de confiance, d’abandon et de conversion que sont ces quarante jours de prières et de partage.

Belle montée vers la liturgie des Cendres. Préparez votre confession pascale dans le silence et la prière. Pensez aux dons que vous ferez pour les plus démunis. Essayons de nous purifier intérieurement, pour que le Christ toujours vivant, soit en nous et que comme l’écrivait St Paul dans la lettre aux chrétiens de Corinthe, nous méditions cette belle phrase : « Ma grâce te suffit, car ma puissance triomphe dans ta faiblesse. » Je reprends en conclusion le texte de l’oraison de cette messe : Seigneur notre Dieu, fais que nous ne placions notre confiance, dans aucune de nos œuvres ! Comme l’apôtre Paul, que nous soyons défendus de tout ce qui pourrait nous détourner de toi, Dieu d’amour qui règne avec Jésus, ton Fils et l’Esprit-Saint pour les siècles des siècles : Amen !

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Publié dans Homélies St Charles

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