2ème dimanche de Carême – 4 mars 2012.

Publié le par Recteur de la Basilique du Sacré-Coeur de Marseil

2ème dimanche de Carême – 4 mars 2012.

Paroisse St Charles – La Transfiguration

 Textes du Missel de St Pie V.

Frères et Sœurs,  

Ces dimanches de carême nous font revivre d’une manière très particulière la prédication de Jésus. Par le drame de la Passion qu’il va bientôt vivre, il faut que les disciples soient prêts à affronter ce mystère de mort et de résurrection du Seigneur.

D’autant que ceux qui veulent le mettre à mort, sont là, tapis dans l’ombre, caché au milieu de la foule et dans les derniers jours, à l’écouter discourir sur le mont du Temple, prêts à lui trouver une faute théologique, afin de prouver qu’il n’est pas le Messie annoncé.

Mais Jésus, le sait, il sait d’ailleurs ce qu’il y a dans le cœur de ses contemporains, comme dans chacun de nos cœurs.

Dans les textes liturgiques du Missel de Pie V, chaque année après le récit de la Tentation au désert, est proposé à notre méditation, celui de la Transfiguration. Suivent des péricopes d’évangiles montrant Jésus poursuivant sa mission, chassant les démons et guérissant ce qui viennent vers lui avec grande foi, tout en leur rappelant que « celui qui entend la Parole de Dieu et qui marche à sa suite, sans regarder en arrière est très près du Royaume ; et pour prouver sa puissance salvatrice, il va multiplier les pains de l’autre côté de la mer de Galilée.

C’est que les disciples vont de découvertes en découvertes. Ces hommes de Galilée, qui ont appris la Thora, c’est-à-dire la Loi et les Prophètes, qui fréquent assidument la synagogue et prient plusieurs fois par jour, ne s’attendaient pas à être appelés par Jésus pour le suivre, et ce, durant ses trois années de prédication.

Et Jésus va leur poser cette question : « Pour vous qui suis-je ? » « Tu es le Christ, le Fils du Dieu Vivant ! » répond Pierre ! Ils sont à Césarée de Philippe, où après un court séjour à Tyr et à Sidon, Jésus et ses disciples viennent d’arriver. Et la réponse du Seigneur : « Heureux est-tu, Simon bar Iona, parce que ce ne sont pas la chair et le sang qui t’ont révélé cela, mais mon Père qui est dans les Cieux ! Et moi, je dis que tu es Pierre et que, sur cette pierre je bâtirai mon Eglise et les portes de l’Hadès ne prévaudront pas contre elle. Je te donne les clefs du royaume des cieux et ce que tu lieras sur la terre se trouvera lié dans les cieux et ce que tu délieras sur terre se trouvera délié dans les cieux. »

Déjà Jésus, qui avait dévoilé quelque peu le mystère de sa personne à la Samaritaine, va continuer d’annoncer à ses disciples qu’il lui faudra souffrir, qu’il sera persécuté par les anciens, les Grands-Prêtres et les Scribes, qu’il sera tué et que le troisième jour il se relèvera ! »

Pierre voudra l’empêcher d’aller à la mort. Nous connaissons tous la réponse de Jésus : « Passe derrière-moi, Satan, tu m’es scandale, car tes pensées ne sont pas celles de Dieu, mais celle des hommes ! » Car c’est une nouvelle tentation qui risquerait d’assaillir Jésus par la bouche de Pierre. Non, il suivra la route tracée par Dieu son Père. Quelques jours plus tard, il les invitera à gravir la montagne, lieu de prédilection pour la rencontre avec l’Eternel.

Jésus prends avec lui, Pierre, et les deux fils de Zébédée Jacques et Jean. Ils le suivent sur la montagne. Est-ce celle de l’Hermon, ce haut sommet couronné de neiges éternelles, près de Césarée de Philippe, ou le Mont Thabor ? Nous ne savons pas vraiment.

Le lieu actuel, le mont Thabor, fut un lieu historique, où dévotions païennes et guerres incessantes, laisseront place à un lieu de pèlerinage, qui depuis le 4ème siècle de notre ère, d’églises en églises, recouvrent le somment du mont. La route s’élève parmi les arbres, et les taxis montent à toute vitesse leurs lots de pèlerins. Arrivé au sommet, les pères Franciscains accueillent depuis 1923 ceux qui viennent puiser lumière et courage dans cette belle et vaste église.

Le récit des évangiles synoptiques prend alors tout son sens. Du sommet la plaine est magnifique… On voit au loin l’Hermon. On ferme les yeux et l’on peut se remémorer le récit que nous venons de proclamer, et en entrant dans la basilique, les mosaïques en témoignent.

Il suffit de reprendre le texte et de méditer. Il nous donne à voir Jésus, qui en prière, est revêtu d’une lumière telle que personne sur la terre ne peut la provoquer. Son visage est resplendissant comme le soleil, ses vêtements sont éclatants de blancheur et surtout, pour ceux à qui l’on prêchera la Bonne Nouvelle, des années plus tard, on leur précise que Moïse et Elie sont là, comme de témoins de la messianité du Christ…

Et tout y est, car en plus des annonciateurs du Messie à venir, la nuée les prend sous son ombre et la voix du Père se fait entendre. « Celui-ci est mon fils bien aimé, écoutez-le ! »

Moïse, le médiateur de la première Alliance est là, ainsi qu’Elie le prophète au cœur de feu. Tous deux proclament que le Christ, et nul autre que lui, est « l’authentique accomplissement » de l’Ancien Testament. Ils lui parlent de son départ qu’il va accomplir à Jérusalem. La présence des trois apôtres fait de cette scène comme le résumé, pourrions-nous dire, de toute la Bible. La Loi et les prophètes, Moïse et Elie, présentent le Christ glorifié à Pierre ; Jacques et Jean, les colonnes de l’Eglise, dont la mission, avec d’autres, sera de témoigner du Ressuscité au milieu du monde.

Pierre qui vit un moment « historique », va tenter de l’éterniser et voudra dresser trois tentes, mais Jésus ne répond pas à cette invitation et c’est Dieu lui-même qui répond en quelques sorte, en lui donnant les titres de sa messianité. « Il est mon Fils bien-aimé ; écoutez-le ! »

Jésus a été choisi, pour réaliser le projet fou de Dieu envers l’humanité, engagé dans l’Alliance avec Moïse, proclamé par les prophètes et porté par Jésus à sa plénitude. Au seuil de la vie publique : le baptême de Jésus ; au seuil de la Pâques : la Transfiguration.

Par l’un fut manifesté le mystère de notre première régénération, par l’autre, le sacrement de la seconde régénération, notre propre résurrection.

Le sommet de la montagne ne sera pas un point final, il n’en est qu’une étape ; l’autre montagne, l’autre mont, celui du crâne, celui du Golgotha, le verra dépouillé de ses vêtements, couverts de crachats et de sang, non plus nimbé de lumière étincelante, mais couronné d’épines et donnant sa vie pour le pardon de nos péchés et ceux de toute l’humanité.

De la gloire à la croix, pourrions-nous dire, nous qui faisons la synthèse des deux Testaments.

La Transfiguration nous donne un avant-goût de la venue glorieuse du Christ, qui transfigurera notre corps de misère pour le conformer à son corps de gloire, rappelle l’épitre aux Philippiens.

 « O Dieu saint, O Dieu fort, O Dieu Immortel prends pitié de nous. »

Bon et saint carême à vous tous, chers Frères et Sœurs. Amen.

Publié dans Homélies St Charles

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