7ème dimanche du T.O 18 et 19 février 2012.

Publié le par Recteur de la Basilique du Sacré-Coeur de Marseil

Chers Frères et Sœurs,

        Les textes de ce dimanche nous préparent à entrer dans le temps de carême. Mercredi 22 février, nous recevrons les cendres, et nous promettrons une fois encore de changer de vie, de convertir notre vie, par les efforts de carême qui nous seront proposés.

        Car en fait nous sommes à l’image de ce paralysé. Souvent nous sommes tellement fatigués, tellement désemparés, qu’il nous faut le secours des autres pour nous porter. Et encore, heureux sommes nous lorsque nous trouvons près de nous ces soutiens qui nous permettent de ne pas sombrer et de tenir dans la souffrance.

        Quelques fois, nous sommes dans l’attitude de celui qui voudrait approcher au plus près du Christ et nous sommes comme arrêtés. Arrêtés par la peur de nous sentir pas assez purs ; pas assez à la hauteur ; pas assez prêts pour regarder Dieu face à face. Nous avons peur d’être jugés, pas dignes de son pardon. Oui, nous sommes là, comme sur un lit de souffrance, à nous demander s’il nous ferait grâce et miséricorde, si nous pouvions lui parler sans retenue.

        Nous savons que nous avons tort, que Dieu est amour et bonté, mais nous sommes empêchés d’aller vers lui. Tant de choses nous barrent le chemin qui y conduit ; il nous faut de l’aide ; il nous faut être porté, transporté, afin que ceux qui nous accompagnent puissent nous aider à fendre la foule, à découvrir le toit qui nous empêche de voir Jésus, à attendre que l’ouverture puisse être assez large pour nous nous puissions descendre devant lui, et là, alors qu’il nous regarde, oser lui dire que nous sommes pécheurs.

Nos péchés nous paralysent, nous tétanisent, laissant nos membres paralysés, notre cœur désabusé, notre vie bloquée.

Que faire, Seigneur, moi qui suis là devant toi, pour comprendre que tu peux tout, que tu peux me pardonner si je reviens vers toi avec un cœur contrit et rempli d’amour ? Et toi tu me regardes et me  regardant, c’est toute ma vie qui défile devant moi.

        Et je me surprends à me demander si le oui que je disais était bien un oui ; si je n’avais pas dévié de la route du bien, pour faire le mal ; si j’avais été toujours comme tu me le demandes : miséricordieux pour les autres, comme tu l’es pour moi ? Que de questions devant toi. J’ai l’impression que je ne puis y répondre, alors que l’Esprit qui habite en moi me provoque bien des fois au pardon et à l’amour. Mais le mal est là, à l’œuvre et il me paralyse, il me stérilise !

        Oui, je sais et Isaïe le dit : « Ne vous souvenez-plus d’autrefois, ne songez plus au passé, car voici que Dieu fait pour vous un monde nouveau et il germe déjà ! »

Et c’est là que je comprends que tu m’as fait passer par ce temps de désert. Je ressens l’aridité de ma vie, alors que j’étais formé pour la louange de ton nom, pour annoncer ta gloire et dire aux autres que tu es vivant. Guéris mon âme, car j’ai péché contre toi Seigneur !

        J’entends la foule qui murmure et qui n’est pas contente, car tu viens de me dire que mes péchés étaient pardonnés ! Ils ne savent pas que eux aussi obtiendront le pardon de leurs péchés, s’ils reviennent vers toi avec une grande foi ; foi en ta parole, foi en ton enseignement, foi en ta qualité de Fils de Dieu, qui guérit et pardonne, qui portes cette Bonne Nouvelle, pour dire à tout ceux qui veulent bien l’entendre, qu’ils sont délivrés des barreaux, des entraves qui empêchent leurs vies d’être belles, et qu’ils sont libres, car ils mettent en toi leur confiance.

        Et là… tu me tends la main, et je me lève, je quitte mon brancard, j’ose faire un pas, moi qui ne marchait plus… retenu par le manque de confiance, la peur et la désillusion. J’ai essayé bien des fois de me lever, de faire comme si je marchais, mais non, j’étais tellement endolori, tellement recroquevillé que je ne pouvais pas ; j’ai même essayé de me convertir, mais j’ai toujours failli. Ressayé encore et je suis toujours retombé dans ces fautes, alors que je veux les rejeter loin de moi. Mais maintenant, devant toi, je suis sûr de ta parole, et je prends ma vie en main, moi seul, tout seul, et je viens vers toi.

        Merci Seigneur de m’avoir fait confiance ; merci de m’avoir aimé et pardonné ; merci de me donner la force de repartir tout seul au milieu de la foule qui rend gloire à Dieu, pour le geste que tu viens de faire pour moi et que tu fais pour tant d’autres.

Oui, nous restons très souvent stupéfaits devant tant de bonté, toi qui fais toutes choses nouvelles.

De l’ouverture du toit, j’ai vu le Père qui depuis le ciel, depuis le royaume, m’a fait signe, pour me dire d’aller plus loin dans la confiance. J’ai vu Jésus face à face, lui que je désirais tant voir ! Enfin je l’ai vu de mes yeux vu. C’est vrai, il est vivant, je l’ai vu ! Il est ton fils, plein de grâce et de vérité ; il est ta Parole vivante, témoin de ton amour ; il est l’Agneau de Dieu, celui qui enlève les péchés du monde ; il continue de venir dans le monde témoigner de ton pardon.

En repartant pour vivre ma vie humaine, enfin débarrassé de tout ce qui m’empêchait de progresser, je sais que l’Esprit-Saint est là, avec moi et en moi, qu’il insuffle toute ma vie, me donne cette ouverture du cœur qui me faisant tant défaut, et mets sur mes lèvres et dans mon cœur des paroles de louanges.

C’est vrai Seigneur, comme la foule de Capharnaüm, nous disons que nous n’avons jamais rien vu de pareil. Nous viendrons souvent dans la maison où tu habites, c'est-à-dire dans ton Eglise, mais nous te retrouverons aussi dans nos frères, dans ces êtres de chair et de sang, pour lesquels tu as donné ta vie sur la croix, mort pour nous et ressuscité dans la gloire du matin de Pâques.

Tu le vois Seigneur, je ne marchais plus, j’avais perdu confiance, je me détournais de toi… tant je souffrais. Je te demande pardon.

Mais aujourd’hui je veux vivre comme au jour de mon baptême, régénéré en toi ; aide-moi à convertir ma vie dans l’attente de te voir un jour face-à-face dans le royaume. Amen.

 

 

 

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