Homélie pour le 30ème dimanche - Sacré-Cœur de Marseille - 23 octobre 2011.

Publié le par Recteur de la Basilique du Sacré-Coeur de Marseil

Frères et Sœurs,

        L’amour de Dieu et l’amour du prochain, tel est le thème de ce dimanche en cette fin de semaine de prières pour les missions. C’est vrai qu’il faut vraiment aimer, pour partir au loin, par amour du Christ et de son Evangile, témoigner et vivre des paroles qu’il nous a laissées. Ce n’est pas facile pour les missionnaires de s’imprégner de la culture du pays où ils sont envoyés, de respecter les coutumes, et d’apporter la Parole du Christ.  Mais actuellement, c’est ici, tout près, chez nous, que nous devons évangéliser et montrer que le Christ a donné sa vie pour nous et qu’il nous demande de nous aimer les uns les autres.

        Dans l’évangile de Matthieu, le texte nous parle de Pharisiens et de Sadducéens. Ce sont des concepts que nous connaissons, mais si l’on nous posait la question de savoir qui ils sont et qu’elles étaient leurs motivations, nous ne saurions peut-être pas répondre. Alors voici quelques indications.

Les Pharisiens, pour dire rapidement les choses, est ce que nous pourrions appeler une secte religieuse qui se manifestera souvent durant la vie publique de Jésus. Le nom qu’ils se donnent « pérouchim », signifie en hébreu « séparés ». Ce sont en général des laïques, particulièrement versés dans l’étude de la Loi. Au temps de Jésus leur influence est très grande en Palestine et ils s’opposent à son enseignement. Ses miracles les jours de shabbat, les met en fureur et tout au long des évangiles on les verra tenter de prendre Jésus en flagrant délit de transgression de la Loi. Jésus leur répond en se reportant à la Loi mosaïque et rend un jugement de bon sens ; ils seront souvent mis en face leur responsabilité. « Que celui qui est sans péché, leur dira-t-il, lui jette la première pierre ». Devant la femme adultère, ils partiront, la laissant seule avec Jésus, qui lui demandera de ne plus pécher. Mais par tous les moyens, ils chercheront à le faire mourir. D’autant que Jésus sera dur avec eux : ils seront écartés du royaume par leur dureté de cœur ; il les traitera de sépulcres blanchis ; formalistes, tatillons, aveugles et ne cherchant qu’à se faire remarquer des hommes et devant les reproches de l’un d’entre eux, qui s’étonne de ne pas avoir vu Jésus procéder aux ablutions, celui-ci éclatera en malédictions. Matthieu va rassembler en un chapitre, sept de ces anathèmes.

Pourtant tous ne sont pas ainsi. Rappelons-nous Nicodème, qui écoute le Seigneur, ou Gamaliel, qui fut le maître de Paul et St Paul lui-même, se glorifiera de son zèle religieux appris chez eux.

        En revanche, les Sadducéens sont plutôt un groupe politique. Formé de riches familles sacerdotales, ils assurent le service du Temple. Ce sont des nantis et des conservateurs qui nient l’existence des esprits, des anges, ainsi que la résurrection des morts. Rappelons-nous la question insidieuse qu’ils posent à Jésus, quant au sort, dans l’éternité, d’une femme qui a eu 7 maris ! Ils n’aiment guère se commettre avec la foule et vont se trouver aux côtés des Pharisiens pour tenter de mettre Jésus à l’épreuve, en lui demandant un « signe venu du ciel ». Ils seront traités d’hypocrites ! Avec les Anciens et les Grands Prêtres, ils enverront Jésus à la mort. Et même après la Pentecôte, excédés de ce que les apôtres endoctrinent le peuple, en annonçant sa résurrection et remplis de jalousie, ils les feront emprisonner par deux fois.

        Nous avons donc maintenant une image, en raccourci rapide, de ces deux groupes, qui sans cesse interpellent Jésus pour le mettre à l’épreuve. Vous imaginez la joie des Pharisiens, sachant que Jésus leur avait fermé la bouche. Mais eux ne baissent pas la garde et demandent qu’une voix insidieuse : « Quel est le plus grand commandement ? » La réponse de Jésus se trouve la Loi et les Prophètes, elle est simple, mais tellement compliquée à mettre en pratique : « Aimer Dieu et son prochain comme soi-même. »

Aimer Dieu ! Oui, je l’aime et c’est vrai, je l’aime vraiment ! Moi, je prie très souvent, j’essaye de vivre en union avec lui. Je dis mes prières du matin et du soir, mon chapelet, j’ouvre mon missel et prépare mes lectures. « Je suis un bon chrétien, vous savez », et surtout je ne fais de mal à personne. C’est pour cela d’ailleurs, que je ne m’occupe de personne, comme çà, on ne pourra rien me reprocher !

N’est-ce pas souvent notre raisonnement ?

Mon prochain ? Qui est mon prochain ? Entendez-vous Jésus nous rappeler la parabole du Bon Samaritain ? L’entendez-vous vous nous dire : « Ce que vous l’avez fait à l’un de ces petits qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait ? Car le prochain c’est celui que nous n’aimons pas, que nous ne regardons-pas, c’est le plus démuni, mais, et nous le savons bien, il est le signe, il est « sacrement » de la présence du Christ.

Ecoutez la voix du Christ : « Tout ce que vous désirez que les autres fassent pour vous, faites-le vous-même pour eux ». Matthieu reprend cette phrase de Jésus et nous parle de charité, de bonté, de pardon, d’amour total, oui, total… jusqu’à aimer nos ennemis. C’est beaucoup de direz-vous ! Et pourtant, si nous savons aimer, l’amour peut transporter des montagnes. Si nous faisons confiance à l’Esprit-Saint, nous pourrons aller plus loin dans le pardon des offenses.

Ne vous dites pas que je rêve, ou que ce sont des paroles pieuses et sans effet. Non, c’est l’Evangile, dans sa radicalité ! Pour cela il faut nous détourner des idoles qui envahissent peu à peu nos vies, il nous faut servir le Dieu vivant et vrai, il faut attendre des cieux, comme l’écrit Paul dans sa lettre aux Thessaloniciens, oui, le faut attendre Jésus, qu’il a ressuscité d’entre les morts et qui nous délivre de la colère qui vient.

St Paul l’a bien compris, lui, le converti du chemin de Damas. Laissons-nous regarder par le Christ, n’ayons pas peur et demandons-lui d’augmenter en nous, la foi, l’espérance et la charité. Amen. Mons. J-P Ellul.

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