Homélie pour la Fête de Toussaint - 1er novembre 2011 - Sacré-Coeur de Marseille.

Publié le par Recteur de la Basilique du Sacré-Coeur de Marseil

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Chers frères et sœurs,

C’est la joie qui prédomine dans cette liturgie de Toussaint. La joie de se sentir aimé de Dieu, lui qui sans cesse essuie les larmes de nos yeux, pour nous permettre de le voir face à face, déjà aujourd’hui et lorsqu’il nous appellera auprès de lui. Mais dans l’attente de ce jour béni, il nous est donné la possibilité de devenir des saints.

Oui, car déjà le baptême nous configure à son Fils bien-aimé et l’Esprit-saint répandu en nous, nous donne la possibilité de vivre de son évangile et surtout de le mettre en pratique.

Vous souriez lorsque je vous dis que vous êtes des saints, et pourtant c’est vrai. Nous avons toutes possibilités pour l’être vraiment. Il faut vouloir ce que Dieu veut, et le vouloir toujours et en toutes circonstances, car  le Royaume de Dieu est en nous tous. (Fénelon). Ecoutons St Pierre lorsqu’il écrit dans sa première lettre : « A l’exemple du Dieu Saint qui vous a appelé, devenez saints vous aussi, dans toute votre conduire, selon qu’il est écrit : vous serez saints, parce que moi, je suis saint ».

Pour cela il faut convertir notre cœur, continuer toujours et encore de s’approcher de celui qui nous « a fait passer des ténèbres à son admirable lumière ». Voyez comme est grand l’amour dont il nous a aimé nous dit St Jean et nous, nous devons aimer comme il nous le propose. Et c’est vrai que Dieu veut que nous soyons heureux, et la source de cette espérance  réside dans l’union avec Dieu, qui vit au fond de chacune de nos âmes.

Un jour, nous serons dans la longue cohorte de ceux qui ont lavé leurs robes dans le sang de l’Agneau. Nous marcherons à sa rencontre, sans peur, nous sachant aimés et pardonnés. Pour ceux qui aiment, dit St Augustin, Dieu change tout en bien… Même leurs erreurs et leurs fautes, Dieu les transforme en bien.

Car nous aussi nous avons subi « la grande épreuve » dans nos vies. Combien de bouleversements, de peur, de maladies, de séparations, la suspicion et la souffrance de n’être pas compris ou aimés de nos proches ? Et encore les deuils, le rejet, la solitude, l’affront, les divorces, la peur de n’être pas aimé de Dieu.

Et pourtant, même avec tout ce que je viens d’énoncer, depuis que nous avons découvert Jésus, que nous l’avons rencontré, que nous l’avons suivi, que nous l’aimons, que nous mettons nos pas dans les siens, nous sommes devenus des êtres nouveaux. Oui, nous sommes du Christ, nous sommes au Christ. Et pourquoi ne pas nous le redire souvent, à l’intime de nous même : « ce n’est pas moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi », et c’est lui, qui me permet de rester dans la droiture. Chacun de nous est le fruit d’une pensée de Dieu. Chacun est voulu, aimé et chacun de nous à sa place.

Car enfin, depuis que nous entendons la Parole de Dieu, la Loi et les Prophètes, les psaumes, les évangiles, les lettres des apôtres, que nous les méditons, que nous participons à l’Eucharistie, nous sommes vraiment devenus du Christ.

Il nous reste encore à mettre les béatitudes en pratique, ce qui n’est pas facile. Et pourtant si nous cherchons bien, en fait, nous les pratiquons souvent, sans le savoir : combien de sacrifice, de pardon, d’excuses n’avons-nous pas mis ou donnés dans nos vies ?

Nous sommes souvent des pauvres de cœur, nous pleurons nos êtres chers, nous sommes miséricordieux, nous essayons d’avoir le cœur pur, nous nous taisons, pour ne pas envenimer les choses et rendre la vie impossible à vivre.

Pour ce qui est de la faim et de la soif de la justice, peut-être nous faut-il encore un peu d’efforts pour accorder notre vie à celle dont Jésus nous parle dans l’évangile. Si nous nous y essayons, nous deviendrons des artisans de paix et c’est alors que nous risquons d’être « persécutés », car nous dirons ce que le Christ à proclamé, nous vivrons comme il a vécu.

Les insultes, les mensonges, le mal que l’on dit de nous, tout cela nous connaissons, nous l’avons très souvent expérimentés, et même nous le pratiquons malheureusement nous-mêmes.

Mais si nous voulons devenir ou rester dans la sainteté, alors le travail de ressourcement spirituel commence lentement et nous nous essayons à être dans la lumière.

Devenons parfaits dans l’humilité et la petitesse, parfaite dans la reconnaissance de l’autre, dans l’amour que nous aurons pour lui. Et c’est cela devenir un saint.

L’Eglise de Marseille en comptabilise de nombreux ; ce sont les saints inscrits dans notre calendrier diocésain, mais combien d’autres saints : prêtres, religieux, religieuses, laïcs pères et mères de famille de tous les temps, qui ont fait notre église, notre ville et nous invitent en ce jour, à prendre le relais. Ils ne sont pas inscrits sur une liste officielle, mais ils ont vécu du Christ et par le Christ.

Si la plupart de leurs reliques reposent à la cathédrale ou à Notre-Dame de la Garde, chaque paroisse garde également ses titulaires, et au milieu de nous, dans nos autels élevés pour la célébration de l’eucharistie, sont déposées les reliques de ceux qui nous appellent à grandir dans la foi.

Certains attendent pourtant leur jour fixé par Dieu : je veux parler entre autre, de Mgr Jean-Baptiste Gault, évêque de Marseille au XVIe siècle, de la servante de Dieu Anne-Madeleine Rémuzat, de l’abbé Fouque, et d’autres encore et il nous faut prier, pour que le jour arrive où ils seront proposés à la vénération des fidèles. Ils furent intrépides dans la foi, chacun à sa façon ; l’un par la pauvreté de vie, l’autre par la vie cachée en Dieu à la Visitation de Marseille et surtout par  la vision du Sacré-Cœur et ses entretiens mystiques sur la miséricorde, le dernier par le service des pauvres et des jeunes, ce qui valut à Marseille d’être entourée d’une ceinture d’amour et de charité pour aider les plus pauvres.

Marseille, ville de grande sainteté ; on n’en parle pas souvent, car on a perdu le sens de l’histoire et où l’on vit comme si tout commençait avec nous, et ce qui est dommageable, c’est ce silence, cette ignorance envers ceux qui ont donné leur vie pour le Christ et l’Evangile. Il nous faut les retrouver, lire leur vie, s’appuyer sur leur témoignage, et ce faisant, nous entendrons Jésus nous dire à l’oreille de notre cœur : « Réjouissez-vous, soyez dans l’allégresse, car votre récompense sera grande dans les cieux. »

Oui, Seigneur notre Dieu, nous te louons, nous te bénissons, nous t’acclamons, dans l’immense cortège de tous les saints, dans lequel nous aimerions prendre place un jour. « N’ayons pas peur que notre vie finisse un jour, disait le cardinal John Henry Newman, craignons plutôt d’oublier de la commencer correctement. Cette fête de tous les Saints nous invite à y réfléchir.

Seigneur Jésus, par l’intercession de ta douce Mère, la Sainte Vierge Marie, aide-nous à devenir des saints. Amen.

 

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