Homélie du Père Luis - 3ème de Carême - 11 mars 2012

Publié le par Recteur de la Basilique du Sacré-Coeur de Marseil

Chers amis, j'ai invité le Père Luis Gonzague GALVIS, prêtre et psycholoque à donner l'homélie aux 5 messes de ce 3ème dimanche de Carême. La voici pour votre méditation. Je le remercie de nous avoir accompagné ce dimanche.

Etre le Temple de Dieu.

Nous voilà au troisième dimanche du carême. Il s’agit d’un itinéraire de quarante jours qui nous conduira au Triduum Pascal, mémoire de la passion, de la mort et de la résurrection du Seigneur, cœur du mystère de notre salut. Dans les premiers siècles de la vie de l’Eglise, c’était le temps où ceux qui avaient entendu  et accueilli l’annonce du Christ commençaient pas à pas, leur chemin de foi et de conversion en vue de recevoir le sacrement du baptême. Il s’agissait là d’une rencontre progressive avec le Dieu vivant et d’une initiation à la foi qui se faisait peu à peu, à travers un changement intérieur des catéchumènes, c’est-à-dire de ceux qui désiraient devenir chrétiens et être incorporés au Christ et à l’Eglise.

Par la suite, les pénitents, puis tous les fidèles furent aussi invités à vivre cet itinéraire de renouveau spirituel, pour conformer toujours plus leur existence à celle du Christ. La participation de la communauté entière aux diverses étapes du parcours de carême, souligne une dimension importante de la spiritualité chrétienne : la rédemption, non pas de quelques-uns, mais de tous, rendue possible grâce à la mort et à la résurrection du Christ.

En conséquence, ceux qui faisaient un cheminement de foi comme catéchumènes en vue du baptême, ceux qui s’étaient éloignés de Dieu et de la communauté de foi et qui désiraient la réconciliation, ceux qui vivaient leur foi dans la pleine communion avec l’Eglise, tous savaient que le temps qui précède Pâques est un temps de metanoia, c’est-à-dire de changement intérieur, de repentir ; un temps qui identifie notre vie humaine et toute notre histoire à un processus de conversion qui nous met en mouvement pour rencontrer le Seigneur à la fin des temps. 

Ainsi, le premier dimanche la liturgie nous a invité à faire face aux tentations du monde et à déjouer les pièges du Tentateur en restant unis à Jésus-Christ. Le deuxième dimanche nous a montré Jésus dans sa gloire, gloire qu’il partage avec Moïse, Elie ainsi que tous les saints. A cette communion avec Dieu, nous sommes tous appelés à y arriver, en restant dans l’amour et en assumant les souffrances qui nous accompagnent dans cette vallée de larmes  en nous unissant aux souffrances de notre Seigneur Jésus Christ. 

Et aujourd’hui nous faisons un pas en avant. La première lecture nous a présenté le décalogue, les commandements de Dieu.  C’est le moyen que Dieu nous a laissé pour rester en communion avec lui tout en perfectionnant nos relations avec chaque être humain et avec la création toute entière.

Dieu se révèle au peuple d’Israël à travers des patriarches, des juges, des prophètes, toujours par intermédiaire d’autres, pour leur rappeler que Lui est toujours fidèle dans son amour et dans ses promesses au peuple et lui demande par intermédiaire de touts ces personnages, la fidélité, pour pouvoir conserver cette communion entre Lui et son peuple.

Mais dans la personne de Jésus, Dieu prend notre condition humaine et en prenant notre condition, nous donne la possibilité de prendre la sienne.  « L’homme a une valeur si grande aux yeux de Dieu que Lui-même s’est fait homme pour pouvoir compatir avec l’homme de manière très réelle, dans la chair et le sang, comme cela nous est montré dans le récit de la Passion de Jésus » et est illustré ce jour par la deuxième lecture.

A partir de cette évènement unique de l’Incarnation dans l’histoire des religions, Dieu par Jésus son Fils, ne nous offre pas simplement de rester en communion avec lui, comme jadis dans l’Ancien Testament, mais avec lui, le Christ nous ouvre la possibilité de vivre en Dieu Lui-même, et en même temps, nous donne la grâce, l’occasion à chacun d’entre nous, de participer de la divinité de Dieu lui-même, Lui nous donne la possibilité d’être habité par la sainte Trinité, de devenir sa demeure.  

Comment ?  Dans sa réponse à l’apôtre Juda, il l’a dit : "Si quelqu’un m’aime, il obéira à mes paroles. Mon Père l’aimera, nous irons à lui et nous habiterons chez lui". Jean 14, 23.

Voilà une parole qui est très claire : si nous aimons le Seigneur Jésus-Christ, si nous obéissons à ses paroles, à ses commandements, la sainte Trinité viendra en nous et habitera chez nous !  Un autre passage des Écritures dit : "Si vous m’aimez, gardez mes commandements." (Jean 14, 15), "Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, je l’aimerai, et je me ferai connaître à lui." (Jean 14, 21).

Le jour de notre baptême, l’image du Christ a été imprimée  en nous, d’une manière tellement réelle que quand le Père nous regarde, il voit en nous l’image de son Fils.  A nous donc, de travailler à maintenir pure cette image de Jésus Chris en nous. 

L’Evangile de ce jour, nous parle de la contrariété de la part de Jésus de voir converti le Temple de Dieu en un marché.  Ce Temple qui est censé être le lieu de la présence de Dieu, est maintenant un lieu des affaires des hommes et pas tellement le signe de la présence de Dieu parmi son peuple.  Jésus veut le purifier et il le fait. 

Ce temple ne sera plus le seul lieu de manifestation de Dieu, lui le Christ, est la véritable manifestation de Dieu, c’est Lui le nouveau Temple.  C’est pour cette raison qu’au moment de la mort de Jésus, le voile du temple se déchire, pour bien montrer que la loi ancienne vient de passer, et que les temps nouveaux viennent de commencer par sa passion, mort et résurrection. Par le signe du déchirement du voile du temple, la présence de Dieu dans le monde, à partir de ce moment-là, n’est plus soumisse à un lieu, que cette présence ne dépendra pas d’un rituel, mais de Jésus Lui-même. 

C’est-à-dire que Dieu se manifeste maintenant en esprit et en vérité ;  et il le dit à la Samaritaine : « Femme, crois-moi : l’heure vient où vous n’irez plus ni sur cette montagne, ni à Jérusalem pour adorer le Père (…) L’heure vient – et c’est maintenant-, où les vrais adorateurs adoreront  le Père en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père.  Dieu est esprit, et ceux qui l’adorent, c’est en esprit et vérité : tels sont les adorateurs que recherche le Père. » Jean 4,21-24.

Donc, nous même, en utilisant des églises, de temples, de basiliques comme celle-ci, pour nous réunir comme des frères et sœurs pour louer Dieu et nous conforter dans notre cheminement vers Dieu, nous devons prendre conscience que nous sommes le temple de Dieu.  Nous sommes le temple de Dieu quand nous vivons sa Parole, quand nous vivons ces commandements, c’est-à-dire quand nous aimons notre prochaine à commencer par ceux que vivent chez nous. Lui-même nous a dit aussi : « Là où il y a deux ou trois réunis en mon nom, je suis là au milieu d’eux ». Mt 18 ,20. Nous pouvons faire de notre foyer, la demeure de Dieu, et cette présence nous donne la force pour aimer chaque personne qui passe à nos côtés, à l’instant présent de notre vie, et même nous aide à respecter et protéger  la nature qui nous entoure et qui est un don de son amour.  

Oui, nous somment le temple de Dieu ! Rappelez-vous ce que nous dit saint Paul : "Ne savez-vous pas que vous êtes le temple de Dieu, et que l’Esprit de Dieu habite en vous?" 1 Corinthiens 3, 16.

Alors, si Jésus est en nous, cherchons à fortifier sa présence en nous. Vivons de telle façon qu’il soit vraiment pleinement chez nous.  Ce temps de carême est un temps propice pour nettoyer notre maison de tout ce que peut empêcher que le Christ puisse habiter à l’aise et confortablement chez nous. 

Suivons l’indication de la prière initial de la Messe : « Tu es la source de toute bonté, Seigneur, et toute miséricorde vient de toi ; tu nous as dit comment guérir du péché par le jeûne, la prière et le partage ; écoute l’aveu de notre faiblesse : nous avons conscience de nos fautes, patiemment, relève-nous avec amour. »   

Alors désirons ardemment être la demeure de Dieu et profitons de ce temps de carême pour guérir du péché par le jeûne, la prière et le partage.  Et avec l’assurance que Notre Seigneur Jésus-Christ est miséricordieux et plein d’amour,  il nous relève et nous embrasse avec amour, parce que lui nous aime immensément.

Que la Sainte Vierge intercède pour chacun d’entre nous pour qu’en vivant la Parole de son Fils, nous puissions être la demeure de Dieu, comme Elle-même l’a été. 

Que cette Bonne Mère soit toujours avec nous, particulièrement dans les moments de souffrances, pour ne pas désespérer, de telle façon que sa présence soit pour chacun d’entre nous un soutien, comme elle l’a été aussi pour son Fils au pied de la croix.

Que cette Bonne Mère soit avec nous aussi dans les moments heureux, comme lorsqu’elle a accompagné les mariés aux noces de Cana, pour qu’on puisse toujours louer et faire fête à Dieu, pour qu’il vive en nous et chez nous. Amen.  

 

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