Miséricorde 6

Publié le par Mgr Ellul

6ème Homélie

 

Samedi 22 avril 2006

 

 

 

Notre neuvaine se termine ce samedi et demain dimanche, la journée de la Miséricorde Divine, viendra couronner nos méditations et nous rappeler que nous devons devenir nous-mêmes, humbles et miséricordieux pour les autres. Comme Pierre et Jean nous sommes pleins d’assurance en la résurrection du Christ, en sa puissance, et nous ne pouvons cacher ou amoindrir notre témoignage. Qui devons-nous écouter, le monde ou Dieu ? Notre choix est fait ! C’est Dieu, ce Dieu d’amour et de miséricorde que nous écoutons parler au fond de notre cœur.

 

Ces derniers jours, ensemble, avec la grâce de l’Esprit Saint, nous avons pu approfondir le mystère de la foi en contemplant le ressuscité. C’est devant le tableau de Jésus Miséricorde, en contemplant ses plaies et les rayons d’amour qui sortent de son cœur transpercé, que nous avons médite, prié, supplié, pour que le monde ait cette vie de Dieu et surtout, que par notre vie toute donnée au Seigneur, il le découvre. Et nous avions, pour accompagner notre démarche, évoqué brièvement, la vie de trois privilégiées, choisies par le Christ pour délivrer au monde son message d’amour.

 

Jésus vint vers elles, se montra à elles, pour leur proposer d’être les propagatrices de son amour miséricordieux. Qui était-elles pour être choisies ? Souvent à la lecture de leurs vies et de leurs expériences mystiques, nous nous posons la question. La réponse est toute simple, elle se trouve dans l’évangile. Devenez comme des enfants, pour avoir part au Royaume, devenez doux et humbles de cœur. Priez dans le secret de votre cœur. Soyez toujours en proximité avec Dieu. Ecoutez-le !

 

Oui, elles étaient des baptisées, appelées par le Christ, et l’ayant suivi, conscientes de leur consécration totale. C’était des religieuses vivant la règle de leur monastère, comme toutes les autres. Rien ne se percevait du dehors… et surtout, elles répugnaient à montrer quoi que ce soit ou à parler des révélations célestes dont elles étaient privilégiées. Ce qu’il y a de petit, de caché, d’insignifiant, Jésus en fait « son communicant ». Il vient, se laisse recevoir, propose et cela nous donne trois réponses.

Marguerite-Marie, s’étonne, ne se sent pas prête ! Le Sacré-Cœur lui apparaît, la chargeant des dix révélations qui enflammeront le monde de son amour et de sa tendresse.

 

Anne-Madelaine, comme Jésus le lui demande, cherchera une « victime » dans son entourage, et n’en trouve pas. Le Seigneur lui dit : « c’est toi que j’ai choisie». Et elle continuera l’œuvre de la voyante de Paray-le-Monial et amplifiera ses révélations : Association de l’Adoration perpétuelle, dont elle écrira les statuts, suivant le désir de Jésus ; prière des Litanies et surtout la consécration de Marseille au Sacré-cœur. Tout le XIXe siècle sera le siècle du Sacré-Cœur et malgré son cortège de guerres fratricides, le Seigneur règnera sur les cœurs de ses fidèles.

 

Sœur Faustine, à la fin de la 1ère Guerre Mondiale, essaie d’étouffer en elle la voix que son âme avait entendue. Puis le Christ lui apparaissant il lui dit : « Jusqu’à quand vais-je te supporter et combien de temps encore vas-tu me décevoir ? ». En poussant plus tard la porte du couvent des Sœurs de Notre-Dame de la Miséricorde, elle pourra dire : « Il semblait que j’entrais au Paradis et de toute mon âme, jaillissait une prière d’action de grâce ». Avant la Guerre de 39-45, alors que le Nazisme commence son œuvre destructrice et maléfique, elle écrira durant les quatre dernières années de sa vie à la demande de Jésus, les « contacts » de son âme avec lui.

 

Il faut lire, dans le silence et la prière, page après page, les six cahiers de son Petit Journal, pour comprendre le message de Jésus. Elle est vraiment « la secrétaire » et « l’apôtre de sa Miséricorde » pour le monde entier ; union intime avec Dieu, où l’on puise à sa lecture, un surcroît de grâces. Il faudra un long travail d’approfondissement théologique pour comprendre l’essence même, de la mission de Sœur Faustine. Le Père Ignacy Rozycki le fera, permettant que ce message soit enfin délivré au monde entier et que la fête de la Miséricorde soit proposée à l’Eglise Universelle.

 

Puis il faudra attendre que la vision du tableau, qu’elle eut le 22 février 1931, en la fête de la Chaire de St Pierre, soit peint. Elle ne le trouva pas le visage du Christ aussi beau que dans sa vision. Et pourtant, il y avait là, un message extrêmement important, et surtout cette phrase : « Jésus, j’ai confiance en Toi », qui permettra à tant d’âmes de retrouver courage dans leur désespérance.

 

Il désirait que cette image, « son image », aux rayons rouges et pâles, soit bénie le premier dimanche après Pâques. C’est le dimanche où les néophytes, jeunes baptisés de la nuit pascale, déposent leurs vêtements blancs. Ce 2ème dimanche de Pâques, alors que l’Eglise nous propose de méditer sur l’évangile de Jean et l’apparition du ressuscité dans le Cénacle, sera le dimanche de l’institution du sacrement de pénitence et le dimanche de la paix pour le monde, par la rémission des péchés que Jésus offre au prix de sa passion et de sa mort sur la croix.

 

Deux enseignements évangéliques sont donnés par l’image de ce tableau : amour de Dieu en sa miséricorde, sang jailli sur la croix de ses saintes plaies et pardon de nos péchés, par l’eau qui s’écoule, comme un fleuve d’eau vive, donnant les sacrements du baptême et de la pénitence.

 

C’est le rappel incessant de sa Miséricorde.

 

Oui, en regardant le Christ lumineux, aux plaies montrées et en méditant son mystère pascal, nous recevons les grâces qu’il a promises : salut éternel, grand progrès sur la voie de la perfection chrétienne, dont nous avons tous tant besoin et celle d’une mort confiante et sainte, en union avec lui.

 

Sœur Faustine nous prend par la main. Que nous dit-elle ?

 

Un secret : d’abord elle nous remet en face du Christ-Jésus et nous propose de le regarder longuement. Elle nous suggère également de méditer sur le thème de la confiance en l’amour de Dieu, d’avoir cette attitude humble et confiante, avec une écoute intérieure totale et surtout de ne pas avoir honte « d’entendre », « d’écouter », « de percevoir », la Parole de Dieu, que Jésus nous transmet et que l’Esprit Saint nous fait comprendre.

 

Mais ce qui nous manque, c’est d’écouter. Nous n’écoutons pas assez, nous ne prenons pas assez de temps pour éduquer notre oreille et notre cœur, nous ne faisons pas assez confiance, et c’est donc pour nous tous, en cette fin de neuvaine, un appel intérieur.

 

Comment désormais tout changer en moi ? Comment me mettre dans une attitude de vraie prière, sans m’habituer, cette « habitude », qui m’éloigne de Dieu ? Demandons au Seigneur sa lumière. Qu’il nous montre le chemin que nous devons encore parcourir, pour être trouvés digne de son amour.

 

Lui, nous aime. Il nous aime avec un amour incroyable. Mais nous ? Oui, nous l’aimons ! Mais l’aimons-nous comme dans les premiers instants, les premiers jours de notre consécration totale ? Notre cœur, notre esprit, notre intelligence, notre âme, ne sont-ils pas recouverts de tant d’indifférence ou de péchés, que nous sommes devenus sourds, les oreilles et le cœur bouchés par notre moi et par notre orgueil ?

 

Le Seigneur est tendresse et miséricorde, lent à la colère et plein d’amour. Dans l’évangile que j’ai proclamé tout à l’heure, le Seigneur reprochait aux disciples leur incrédulité et leur endurcissement, par qu’ils n’avaient pas cru ceux qui l’avaient vu ressuscité.

 

Nous ne craignons rien, Jésus est en nous, il est avec nous. Et même, il nous envoie proclamer la Bonne Nouvelle à toute la création. Si nous pouvions voir les tendresses qu’il a pour nous, l’amour qu’il nous témoigne, nous serions tellement surpris que nous nous convertirions sur le champ. Mais le mal est là, prêt à tout. Et le piège qu’il nous tend, c’est de nous croire incapable de nous en sortir et de ce fait, il risque de nous maintenir dans cette tiédeur qui sclérose lentement notre vie spirituelle.

 

Le message de Sainte Faustine, est un appel au sursaut de l’âme, à une conversion total en Christ, à une vie toute autre. Voilà à quoi doit nous conduire la neuvaine de la Miséricorde Divine.

 

Car nous pourrions accumuler chapelets sur chapelets, prières sur prières, lectures bibliques incessantes, si nous n’ouvrons pas notre cœur, si nous n’osons pas nous laisser regarder intérieurement et en vérité par Jésus, si nous n’acceptons pas de faire un pas, lui le fera, …. mais il ne voudra pas nous contraindre. Il aura beau nous montrer ses plaies et son côté, nous resterons comme Thomas.

 

Tout n’est pas aussi sombre, dans notre vie avec lui, car  il voit les efforts que nous faisons, il sait que chaque jour dans notre cœur, nous lui disons « Mon Seigneur et Mon Dieu », que nous avons confiance en lui. Oui, tout cela il le sait, et c’est pour cela qu’il nous aime.

 

« Je sens que je suis seule, face à tes exigences, Seigneur, Malgré les peurs et les aversions de ma nature, je réalise Ta sainte volonté et je désire le faire le plus fidèlement possible durant toute la vie et à ma mort. Jésus avec Toi je puis tout, fais de moi ce qu’il te plait, donne-moi seulement Ton Cœur Miséricordieux et cela me suffit », nous dit Sainte Faustine (650)

 

Que le Seigneur nous donne, sa grâce et sa paix et qu’il nous irradie des  rayons de son d’amour et de sa Miséricorde.

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