NOEL 2007 EN LA BASILIQUE DU SACRE-COEUR

Publié le par jp eLLUL

Homélie

Noël 2007

 

            Hier soir, et très tôt ce matin, la très belle veillée puis les textes de la Parole de Dieu de la Messe de Minuit, et ceux que nous venons de proclamer au cours de la liturgie de la Parole, résument bien ce que Dieu a fait pour nous dans son immense amour.

           Avec vous chers paroissiens, depuis le début de l’Avent, temps de l’Espérance par excellence, nous avons pu cheminer en prenant comme repère, l’Encyclique du Pape Benoît XVI sur l’Espérance qui nous sauve. Spe Salvi facti summus. Trois homélies en ont balisé le chemin. Le Saint-Père nous proposait d’approfondir ce mystère, et avec la belle prière de conclusion qu’il adressait à Marie, Etoile de l’Espérance et notre Mère, il nous mettait déjà devant le mystère de l’Incarnation, que nous célébrons en ce 25 décembre. Et avec vous tous, venus d’ailleurs, nous continuons notre méditation en ce temps de Noël ; Noël, qui est ce chemin de grâce qui nous conduit vers le Verbe de Dieu.

Chemin de vie également, chemin d’Espérance ! Et c’est vrai, nous le savons bien, et le Pape Benoît XVI écrit que : « La vie humaine est un chemin. Mais vers quelle fin? Comment en trouvons-nous la route?  La vie est comme un voyage sur la mer de l'histoire, souvent obscur et dans l'orage ; un voyage dans lequel nous scrutons les astres qui nous indiquent la route. Les vraies étoiles de notre vie sont les personnes qui ont su vivre dans la droiture. Elles sont des lumières d'espérance. (Puis-je ajouter que nous pouvons les nommer dans notre cœur, penser et prier pour elles : ce sont nos parents, nos grands-parents, des amis très chers…) Certes, Jésus Christ est la lumière, le soleil qui se lève sur toutes les ténèbres de l'histoire. Mais pour arriver jusqu'à Lui nous avons besoin aussi de lumières proches – de personnes qui donnent une lumière, en la tirant de sa lumière, et qui offrent ainsi une orientation pour notre traversée. Et quelle personne pourrait, plus que Marie, être pour nous l'étoile de l'espérance – elle qui par son « oui » - ouvrit à Dieu lui-même la porte de notre monde ; elle qui devint la vivante Arche de l'Alliance, dans laquelle Dieu se fit chair, devint l'un de nous, planta sa tente au milieu de nous ? (cf. Jn 1, 14).

Nos ancêtres dans la foi, ont voulu placer la naissance de l’Enfant-Dieu, au plus profond de la nuit et alors que les jours vont enfin commencer à grandir, pour bien témoigner et dire à l’humanité, qui est celui qui vient nous éclairer. Oui, il vient nous illuminer de l’intérieur, nous permettre de retrouver notre foi d’enfant, de la traduire dans nos gestes de chrétiens adultes et fiers de la proposer au monde d’aujourd’hui.

Qui ne reste pas émerveillé devant un tout petit qui vient de naître ? On le regarde, on le prend dans ses bras, on le tient tout contre soi, … comme pour nous rappeler notre propre naissance, ces temps premiers, dont nous ne nous souvenons plus et que nos parents, ou les membres de notre famille, nous ont souvent raconté. Ainsi pour le Verbe de Dieu, le Verbe fait chair.

Il fallait pour cela nous dit St Léon : « Que la nature divine et la nature humaine se rencontrent en une seule personne. Le créateur du temps, naît dans le temps, pour que celui par qui tout a été fait, soit engendré parmi toutes les créatures. »

Mystère de Dieu parmi nous et en nous. Il vient, comme il l’avait annoncé dès le début de la Genèse, comme l’avait promis les prophètes, et lorsque les temps furent accomplis, dans le mystère d’un dialogue entre l’envoyé de Dieu et Marie, d’une simple demande formulée dans la petite ville de Nazareth, dans le secret de sa conscience. C’est son ange, son envoyé qui dira à cette jeune fille, l’Alma de Dieu : « Réjouis toi, Marie, tu sera la mère de celui qui sauve son peuple de ses péchés, la mère de Jésus. » Une question de sa part, car elle ne comprend pas tout de suite. Et immédiatement la réponse, sa réponse, la réponse de celle, qui depuis toute éternité, avait été choisie pour être la Mère du Sauveur. Elle dira : « Que la volonté de Dieu soit faite ! » Et l’Esprit Saint vint sur elle, et la puissance du Très-Haut la prit sous son ombre.

Et ils sont là, partis depuis quelques jours, pour le recensement, partis de chez eux, venant à Bethléem. Il leur faudra aller plus loin, loin de la ville, dans une grotte mise à leur disposition.

Mystère de la tendresse de Dieu : Marie met au monde son fils premier-né, l’enveloppe de langes et le couche dans une mangeoire. Plus tard on ajoutera le bœuf et l’âne pour réchauffer l’Enfant ; déjà les bergers sont avertis par les anges et viennent voir. Tout dans cette nuit, -que l’on va appeler la nuit de l’Avènement-, la nuit de Noël, n’est plus pareille aux autres nuits.

« Sur la naissance dans l'étable de Bethléem, écrit le Pape, brilla la splendeur des anges qui portaient la bonne nouvelle aux bergers, mais en même temps, on a par trop fait en ce monde, l'expérience de la pauvreté de Dieu. Le vieillard Syméon, te parla de l'épée qui transpercerait ton cœur (cf. Lc 2, 35), du signe de contradiction que ton Fils serait dans ce monde ».

Car tout est bouleversé. Le cours des choses est changé. Dieu est là, parmi nous ! Ce Dieu qui depuis le ciel faisait signe, que l’on pressentait et que l’on recherchait dans le fond de nos consciences, que l’on écoutait sur la montagne, montant toujours plus haut, pour être proche de Lui, ce « Dieu sabbaot », qui malgré notre orgueil et notre tête dure, ne cessait de nous faire comprendre qu’il nous aimait… - alors que nous le repoussions pour vivre libres, ou du moins le croire -, voilà qu’il ne voulait pas laisser, sans réponse les appels que nous lui lancions.

Il nous faisait le plus beau cadeau qu’il puisse nous faire : il devenait l’un de nous. Et pour mieux communiquer avec nous, il se « lovait » dans le corps d’un enfant, grandissait comme nous avions grandi, prenant humainement conscience de sa messianité, et nous parlant au cœur, en surabondance d’amour. « Ce qui était depuis le commencement, ce que nous avons entendu, ce que nous avons contemplé de nos yeux, ce que nous avons vu et que nos mains ont touché, c’est le Verbe, la Parole de Vie qui était auprès du Père et qui s’est manifestée à nous », écrira St Jean dans sa première lettre, donnant ainsi un beau témoignage de ce qu’il avait vécu avec Jésus.

Contemplons un instant encore, le mystère de la Nativité du Seigneur. Rejoignons les anges et les bergers, entrons dans la grotte de la naissance divine, mettons-nous à genoux pour mieux apercevoir et sentir ce rayonnement de sainteté et disons lui, heureux d’être devant lui :

Enfant Jésus, que mon cœur devienne comme Toi,doux et pur, humble et ouvert. Grand… aux dimensions de l’amour que tu as pour tout humain. Fais que cesse en nous, cette distanciation, entre ce que nous devrions être, et ce que nous sommes.

Convertis mon cœur et ma vie. Fais que je devienne à ton image.

Marie, Mère de Dieu, Mère de l’Espérance, fais que je vive dans le oui aux promesses de mon baptême.

Joseph, l’homme pur et chaste qui accompagne le Fils de Dieu, qui comprend et fais silence, donne-moi ta simplicité de cœur.

Anges de Dieu, faites que je chantes toujours la gloire de celui qui a été déposé dans la crèche.

Enfant Jésus, donne-nous enfin la paix, la paix, dans le monde entier et surtout dans le pays où tu es né. Que les barrières s’écartent et disparaissent, que les hauts murs qui séparent les êtres, les portes et les barbelés qui empêchent de communiquer, soient enlevés, que ton peuple puisse vivre dans la reconnaissance et la liberté. Noël est la fête de la paix…

Oui, qu’il y ait la paix dans le monde,

La paix dans nos maisons. La paix dans nos familles, dans les couples, avec les enfants, nos parents âgés…

La paix dans ton Eglise. La paix en nous-même. La paix autour de nous.

Ainsi Vierge Marie, tu demeures au milieu des disciples comme leur Mère, comme Mère de l'espérance. Sainte Marie, Mère de Dieu, notre Mère, en ce temps de Noël, alors que tu nous donnes ton Fils,  enseigne-nous à croire, à espérer et à aimer avec toi et comme toi. Indique-nous le chemin vers son règne!

Étoile de la mer, brille sur nous et conduis-nous sur notre route ! Amen.  

Mgr. Jean-Pierre Ellul

 

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