Homélie pour le 28ème dimanche – 14 octobre 2007

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 « Relève-toi, et va : ta foi t’a sauvé. »

Le Samaritain a su reconnaître l’action du Seigneur en Jésus et par sa démarche vers le Christ, alors qu’il est guéri, il reconnaît son Seigneur. C’est ce que signifie cette prosternation, le visage contre terre. Il rend grâces et Jésus demande : « où sont les 9 autres ? »

On peut se demander pourquoi 9 ? Ces chiffres, de 9 et 10 lépreux, ne sont pas à prendre comme une quantité mathématique précise, mais comme un nombre important de personnes guéries.

Il s’agit de la lépre, maladie contagieuse et redoutable, surtout à l’époque du Christ. Ceux qui en sont atteints sont évidemment exclus de la communauté, tout à la fois, pour des raisons d’hygiène, mais aussi pour des raisons spirituelles.

La lèpre est aussi, pour les Juifs du temps de Jésus, le signe du jugement de Dieu ; les malades qui sont atteints de ce mal, l’ont mérité par leurs fautes personnelles. Le lépreux est un homme frappé par Dieu, un homme qui devient indigne de participer à la vie de la communauté.

Cette conception est inspiré par les paroles même de l’Ecriture Sainte. Nous lisons dans le Deutéronome : « Si tu n’obéis pas à la voix de Yahvé, ton Dieu, en gardant ses commandements et ses lois… Yahvé te frappera de mauvais furoncles aux genoux, aux jambes et tu ne pourras plus guérir, de la plante des pieds au sommet de la tête… » (Deut 28, 15-35).

On peut également rapprocher ce texte de ce qui est arrivé au roi Ozias et que nous trouvons dans le 2ème livre des Chroniques : « Alors qu’Ozias s’emportait contre les prêtres, la lèpre bourgeonna sur son front, en présence des prêtres dans le temple de Yahvé. Tous les prêtres se tournèrent vers lui, et lui virent la lèpre au front. Il l’expulsèrent en hâte, car Yahvé l’avait frappé. Il fut affligé de cette maladie jusqu’à sa mort. » (2 Chro 26, 19-21).

La lèpre n’est donc pas pour le Samaritain ou pour le Juif, une maladie ordinaire, elle le signe du péché, du châtiment de Dieu ; elle fait perdre la dignité de fils de Dieu et exclut de la communauté des croyants.

Ainsi, lorsque Jésus voit la bande de lépreux qui le supplie, il n’a qu’un mot, que nous comprenons tout à fait maintenant : « Allez vous montrer aux prêtres. » Ils vont donc faire constater officiellement que la punition est levée, qu’ils sont réconciliés avec Dieu et peuvent ainsi être réintégrés dans la communauté.

Jésus veut signifier par cette guérison qu’il est le Messie, celui qui doit venir. Il montre ainsi son projet : réhabiliter l’homme dans sa dignité de fils de Dieu et lui faire retrouver la communion fraternelle.

Car, le salut est dans le Christ :

 Paul l’exprime ainsi dans sa 2ème lettre à Timothée : « Avec le Christ nous vivrons, avec lui, nous règnerons… Lui reste fidèle… même si nous, nous sommes infidèles… car il ne peut se renier lui-même. » Notez qu’en parlant de la sorte, Paul nous donne le commentaire le plus exact qui soit, sur la guérison des 10 lépreux.

D’ailleurs remarquez-le ! Quelle que soit notre conscience de pécheur, quel que soit l’état affligeant du monde qui nous entoure, le degré de déchéance morale et d’avilissement des hommes, le Seigneur ne peut être infidèle dans son amour et dans son œuvre de réhabilitation, sans se renier lui-même ! Il est toujours disposé à guérir et à sauver.

Dans notre vie spirituelle et dans notre vie tout court, après un échec humiliant, ou au sortir d’une longue maladie ou d’un deuil, d’une période de médiocrité spirituelle ou de relâchement moral, il est toujours aberrant, de se laisser arrêter, dans son retour vers Dieu, par un quelconque sentiment de honte ou d’indignité à son égard.

Il sait qui nous sommes et il nous sauve inlassablement, et nous le savons : il n’y a pas d’autre sauveur que lui.

A aucun moment le Seigneur ne nous abandonne.

Y a-t-il un homme sur 10 qui sache le reconnaître ? Nous-mêmes, remercions-nous seulement une fois sur 10 ? Il n’est pas facile de le remercier.

St Bernard, dans le sermon 27 écrit ceci : « Heureux le Samaritain lépreux guéri. Ayant reconnu qu’il ne possédait rien, de ce qui fut don de Dieu, il revient vers le Seigneur pour lui rendre grâce. Heureux celui qui sait, à chaque don de la grâce, revenir vers son bienfaiteur, en qui se trouve la plénitude de toutes les grâces. Car si nous nous montrons reconnaissant à son égard, pour tout ce que nous avons reçu de lui, nous préparons à la grâce, une plus large place dans notre âme, et nous nous rendons dignes de la recevoir plus abondamment.

En effet, la seule chose, qui arrête nos progrès, après notre conversion, c’est notre ingratitude : le donateur, regardant comme perdu, tout ce qu’il a donné à des ingrats, se tient désormais sur ses gardes, de peur de perdre d’autant plus, qu’il leur donnerait davantage.

Heureux donc celui qui remercie du fond du cœur, même pour les moindres bienfaits. » Voilà comment St Bernard parlait à ses moines, du don de la grâce.

 Le sacrement de l’Eucharistie auquel nous participons maintenant, réalise tout ce que nous venons de vivre en méditant ces textes de l’Ecriture : la gratuité du don de Dieu et notre action de grâce.

En ce début de Semaine Missionnaire Mondiale, dont le thème est : « Transmets la Parole que tu reçois », soyons des témoins attentifs des signes de Dieu dans nos vies et parlons, témoignons du Seigneur autour de nous.

Pensons à tous ceux qui entendent sa Parole d’amour et prions pour tous ceux qui se convertissent en écoutant son Evangile et en découvrant l’action missionnaire de l’Eglise universelle.

Oui, le Christ nous sauve et nous transforme, aussi ne cessons jamais de méditer sa Parole dans notre cœur, afin d’être témoins de son amour, de sa miséricorde et de sa résurrection.

Il nous guérit de la lèpre de nos péchés, de nos insuffisances, de nos doutes, de nos trahisons.

Ayant pris conscience du don de son amour, revenons vers lui, confessons nos péchés, réconcilions-nous avec lui,  afin de l’entendre nous dire : « Relève-toi et va : ta foi t’a sauvé. » Amen.

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